Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1989, Nathalie et Jean-Philippe sont tous les deux allés célébrer la nouvelle année une boîte de nuit appelé Le Chalet. Au premier abord, Jean-Philippe avait tout du garçon normal, sauf que… c’était un marin. Aux yeux de Nathalie, cela faisait de Jean-Philippe un homme pas banal du tout.

Après cette soirée et leur coup de foudre, ils ont passé cinq mois et demi ensemble, à vivre l’amour fou. Or, le 13 juin 1989,  Jean-Philippe a dû dire adieu à sa bien-aimée sur les quais de la gare. Il devait partir en mission à Nouméa, pour un an minimum.

Dès le lendemain, Nathalie a pris la plume et a composé de nombreuses lettres d’amour pour son marin, mais au fur et à mesure, à cause de la distance et du temps qui passait, les lettres se sont faits moins fréquentes, jusqu’à s’épuiser. L’un et l’autre ont cessé de se donner des nouvelles et de se rappeler qu’ils s’aimaient.

Chacun a fait sa vie : ils ont chacun trouvé un autre conjoint, se sont mariés, ont fondé une famille.

Nathalie vivait alors dans le Nord de la France, avec son époux et ses deux filles. Même si sur le papier, elle avait une vie de famille bien tranquille, elle ne cessait de penser à Jean-Philippe. Elle cherchait à le retrouver, où qu’il soit sur la planète ; d’abord via le Minitel, puis via Google, et enfin via Facebook… toujours en vain.

Toutefois, le 11 juillet 2013, alors qu’elle venait de se réveiller et qu’elle scrutait les réseaux sociaux, un profil familier est apparu. Nathalie s’est sentie abasourdie, son coeur battait très fort et elle a envoyé ce message, comme une bouteille à la mer : « L’homme au pompon rouge ? »

Immédiatement, il a répondu: oui, c’était bien lui, Jean-Philippe, le marin, celui avec qui elle avait vécu 5 mois et demi d’amour, celui à qui elle avait adressé des centaines de lettres.

Jean-Philippe et Nathalie ont repris leur correspondance, se sont raconté leur quotidien, ce qui s’était passé durant ces 24 ans sans nouvelles l’un de l’autre. Et un jour, alors que Nathalie devait venir dans l'Est de la France pour des raisons professionnelles, elle a proposé à Jean-Philippe de la retrouver à la gare. Quand ils se sont aperçus, sur le quai où ils s’étaient quittés un quart de siècle plus tôt, ils se sont immédiatement reconnus. Sans se poser de questions, ils sont montés dans la voiture et ont repris leur histoire, « c’était chimique ».

 Plusieurs fois, Jean-Philippe et Nathalie se sont retrouvés, en cachette. Ils savaient qu’ils voulaient vivre ensemble, qu’ils étaient amoureux. Ils ont tous deux laissés leurs conjoints respectifs, sans heurts, pour vivre enfin leur histoire d’amour. Nathalie a rejoint Jean-Philippe, puis ils se sont installés dans un village tranquille. Ils se sont mariés l’année dernière.

Nathalie et Jean-Philippe n’ont pas l’impression de rattraper le temps perdu, car ces 24 ans loin l’un de l’autre ont été beaux ; mais leurs retrouvailles n’en sont aujourd’hui que plus fortes. Tout est naturel entre eux : « Même quand nous étions mariés avec nos anciens conjoints, explique Nathalie, au fond de nous, nous étions toujours amoureux l’un de l’autre. Je pense que c’est parce que quand Jean-Philippe est parti, nous ne nous sommes jamais vraiment quittés. »